Auteur : Simone Pengue
Je ne saurais dater précisément quand m’est venue ma passion pour la robotique, mais je sais qu’elle remonte à un certain moment de mon enfance. J’ai toujours beaucoup joué avec les robots, j’en ai eu deux, qui appartenaient à mon père. Lorsque je pense à un nouveau robot, je l'imagine de manière très vivante, comme incarnant – de manière tangible – des objectifs, des attitudes et des défis personnels. Ils font partie de mon legs.
Mon groupe de recherche et moi-même concevons des solutions robotiques qui répondent à tous les besoins industriels, et, espérons-le, aussi aux besoins sociaux. L’être humain est le facteur fondamental de l’équation. Dans les différents contextes industriels dans lesquels nous sommes actifs, nous avons pour ambition avec nos solutions robotiques d’accompagner des personnes dans la préservation de leurs compétences, leurs capacités et leurs aptitudes.
Les sciences sociales, les neurosciences, et l’anthropologie jouent un rôle essentiel dans le développement des nouvelles générations de robots. Ces derniers peuvent non seulement coexister dans un environnement industriel peuplé de personnes, mais aussi, à terme, faire partie intégrante de la vie professionnelle quotidienne.
Un défi à très court terme consiste à rendre possible une utilisation facile et efficace des robots par les exploitant·e·s. La technologie et les plateformes robotiques doivent en effet être accessibles à un personnel non expert, sans générer de gêne pour l'utilisateur ou l’utilisatrice et s’intégrer facilement dans un contexte industriel. Le second défi, à moyen terme, consiste à créer des plateformes de travail capables de mesurer, transposer et interpréter la charge physique et cognitive de leurs collègues humain·e·s afin d’anticiper les états de fatigue qui pourraient compromettre leur santé. À long terme, les robots seront délibératifs ; ils auront la capacité discrétionnaire de modifier la stratégie opérationnelle à tout moment en fonction de l'état de bien-être de l'être humain.
Les co-auteur·e·s des deux chapitres du Technology Outlook 2021 de la SATW sur la fabrication additive auxquels j’ai contribué sont des collègues avec lesquels je travaille très étroitement depuis plusieurs années. Nos écrits sont le fruit de visions construites et polies grâce à des itérations continues au fil du temps. Le processus d’écriture a été très facile et enrichi par l'opportunité de rassembler différentes perspectives et expériences sur le front de la fabrication additive.
Être une femme chercheuse dans ce domaine est une grande responsabilité. Dans le monde de l’ingénierie, seuls 20 % des postes de haut niveau – au niveau universitaire mais aussi industriel - sont occupés par des femmes. La valeur de la contribution des femmes à l'ingénierie est irréfutable et doit être communiquée et promue par des éléments tangibles et des modèles exemplaires. Il s'agit évidemment d'une évolution culturelle et sociale qui trouve ses racines dans l'éducation et la formation des plus jeunes. Prendre conscience de son potentiel technique, créatif et managérial est la première étape pour être reconnue dans le monde de l'ingénierie.
« La goutte d'eau » symbolise pour moi la notion d’ensemble. La goutte est complète dans son essence, mais à travers la pluie, elle crée avec les autres gouttes un équilibre plus élevé, elle devient une partie de quelque chose de plus grand.
Cet article a été publié dans le rapport annuel 2021 des Académies suisses des sciences.
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