Auteure : Astrid Tomczak-Plewka
Manier des chiffres, résoudre des problèmes, cela m’a toujours intéressée. Mon père n’y est pas pour rien. Il était physicien et m’a déjà encouragée à réfléchir aux nombres négatifs à un âge tendre. Mes amies du jardin d’enfants me trouvaient un peu bizarre quand je leur racontais que l’on pouvait calculer avec des nombres négatifs. Bien que mon père m’ait introduite dans ce monde, devenir physicienne n’a longtemps pas été une option pour moi. Plus tard, j’ai malgré tout étudié la physique, les mathématiques et le sport pour enseigner ces disciplines, le métier d’enseignante étant à mes yeux compatible avec une famille et des enfants.
Dans mon travail de diplôme, j’ai élaboré un programme de formation pour le personnel enseignant sur le thème de la thermodynamique et de la physique statistique. À ce moment-là, j’étais associée à un groupe de travail de physique théorique des solides qui effectuait notamment des simulations informatiques. Je trouvais cela très passionnant et quand on m’a offert un poste de doctorante, je l’ai accepté. Vers la fin de ma thèse, j’ai néanmoins remarqué que l’ordinateur à lui seul ne me suffisait pas. J’étais alors engagée dans des projets scolaires et je me suis dit que la didactique de la physique serait le lien idéal entre école et université. Grâce à un contact lors du premier congrès mondial des physiciennes à Paris, j’ai fait la connaissance de personnes spécialisées en didactique de la physique et j’ai ensuite obtenu un poste de post-doc à l’Université technique de Braunschweig, avant de venir en Suisse en 2006.
Quant j’étais étudiante, la proportion des femmes en physique était de l’ordre de 8 %. Lors de séminaires avec 25 ou 30 étudiants, j’étais souvent la seule femme. Je ne pouvais donc pas facilement me fondre dans la masse. Comme j’avais joué au football enfant, la situation ne m’était pas totalement étrangère. Je ne me suis pas non plus sentie discriminée comme femme. À quelques exceptions près. Je me souviens encore d’un conseil bien intentionné me recommandant, lors d’entretiens importants, de ne pas porter de jupe ou de talons hauts et de m’attacher les cheveux, c’est-à-dire d’apparaître aussi peu féminine que possible. J’ai pris l’habitude, en signe de « protestation », de faire exactement l’inverse.
Pour empoigner le problème de la relève dans les disciplines MINT, nous devons déjà agir au niveau du jardin d’enfants ou avant. Pour cela, il est nécessaire d’autoriser les questions et de mettre à disposition des contenus adaptés à l’âge. On peut déjà très bien expliquer la loi du levier sur la base d’une bascule. Il est très important d’intégrer le contexte, à savoir les phénomènes du quotidien des enfants. Et on doit leur donner du temps pour expérimenter et comprendre les phénomènes. Le langage est aussi essentiel, un langage compréhensible et adapté à l’âge avec uniquement les termes spécialisés nécessaires. Les textes doivent toutefois être techniquement corrects et faire consensus. On ne devrait par exemple pas parler de consommation d’énergie, car l’énergie n’est pas consommée, mais transformée en une autre forme d’énergie. En tant que présidente de la commission spécialisée MINT, je me réjouis de pouvoir maintenant apporter de tels éclairages didactiques.
Ce que j’associe à l’eau? Elle est très appropriée pour faire comprendre des phénomènes des sciences naturelles, parce que les enfants et les jeunes sont familiarisés avec les différents états physiques de l’eau, la natation et le fait de couler ou encore les centrales hydrauliques. Personnellement, je préfère l’eau sous forme de neige, mais j’aime aussi beaucoup le lac de Zurich.
Cet article a été publié dans le rapport annuel 2021 des Académies suisses des sciences.
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